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Cet article est un “article invité” rédigé par François-Xavier Parent, entrepreneur – formateur en éco-construction et auteur du blog La Case Robinson dédié aux solutions pour réussir et habiter la maison écologique de ses rêves.
En tant qu’acteur de l’Habitat Pertinent, François-Xavier est également intervenu lors du dernier HOMER DAY, vous pouvez retrouver sa conférence au format « Pecha-Kucha » ainsi que le débat qui a suivi sa présentation, dans le pack de captations HOMER DAYS en cliquant ici.  Bonne lecture !

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Nous passons plus de la moitié de notre vie dans notre logement … et encore plus, bien sûr, pendant une période de confinement ou de couvre-feu comme celle nous expérimentons depuis cette année. Il est alors logique que notre habitation joue un rôle essentiel sur notre bien-être. On l’a tous d’ailleurs constaté avec plus ou moins de satisfaction au printemps dernier 😉!

On dit souvent que l’endroit où nous habitons est comme une troisième peau (après l’épiderme et nos habits). Si nous devions porter le même vêtement la moitié de votre vie, on le choisirait donc avec attention ! Quels seraient les critères de sélection : le prix, le confort, la couleur, la durabilité… ? Jouerait-il un rôle sur notre bien-être, voire même sur notre état d’esprit ?

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Pour le logement c’est à peu près la même chose. Les ingrédients qui le composent (et notamment les matériaux) ont un impact majeur sur notre état.

Alors quels sont les matériaux qui rendent notre logement agréable, confortable, sain et inspirant ?

Les matériaux écologiques sont-ils la solution ?

Si oui, quels matériaux choisir et comment faire pour ne pas se ruiner ?

C’est ce que je vous propose d’aborder dans cet article : des matériaux écologiques, abordables et performants. Pour faire de notre intérieur un lieu qui nous ressemble et qui nous fait du bien en même temps. Ça ne sera pas toujours simple et il faudra faire des compromis. Mais c’est comme ça pour tout, non ?

Si vous ne prévoyez pas de faire des travaux tout de suite, sachez que vous pouvez quand même apporter plus d’écologie et de bien-être dans votre maison en suivant les conseils de cet article :”10 actions à faire soi-même pour rendre son logement plus écologique et plus sain” !

Choisir le monde que l’on veut habiter

Avant d’entrer dans le détail des matériaux écologiques je voudrais rappeler quelques données qui me semblent importantes.

Elles sont pour moi en tout cas à la base de mon engagement envers l’éco-construction ces dernières années.

  • Saviez-vous par exemple que le secteur du bâtiment représente aujourd’hui plus de 40% de la consommation totale d’énergie en France ? Et qu’il est responsable de près de 25% des émissions de CO2 (source : ADEME) ?
  • Que c’est aussi et surtout des prélèvements de ressources non renouvelables comme le sable pour la fabrication des bétons et de certains isolants ? À tel point que le sable est aujourd’hui la 2ème ressource la plus consommée au monde après l’eau ! Avec des répercussions majeures : l’extraction du sable détruit les littoraux et les berges, modifie le cours des estuaires et bouleverse la biodiversité de ces écosystèmes.
Extraction de sable
L’extraction du sable pose des problèmes sur l’environnement
  • Saviez-vous également que l’air intérieur que nous respirons dans nos logements est bien plus pollué que l’air extérieur (même en ville 😷) ? Cela est dû principalement aux polluants émis par les revêtements et le mobilier que nous utilisons au quotidien.

On le voit donc, les choix de matériaux que nous faisons pour nos projets de travaux ont une influence qui va bien au-delà de la sphère du logement lui-même.

Alors peut-on faire autrement ? Et quels choix décidons-nous de faire quand nous abordons un nouveau projet ?

 

Les idées reçues sur les matériaux écologiques

Dans mon activité j’entends souvent les commentaires suivants :

  • Les matériaux écologiques ne sont ni solides ni performants, c’est un truc de babacool, ce n’est pas sérieux.”

  • Les matériaux écologiques sont chers et inabordables pour un budget serré.”

  • Les matériaux écologiques sont difficiles à mettre en œuvre et réservés à quelques initié.e.s adeptes de l’auto-construction ou de la vie en autonomie dans les bois.”

Si vous lisez les articles d’Optimise Mon Espace, c’est que vous vous intéressez à l’architecture d’intérieur et que vous avez probablement un projet de travaux pour vous ou pour des clients. Ce sont donc peut-être des idées que vous avez entendues vous aussi (si oui dites-le moi dans les commentaires !).

 

Les matériaux écologiques sont-ils vraiment performants ?

Nous verrons plus loin des exemples concrets de matériaux écologiques. Car sur ce point il y a parfois de fausses croyances également.

Mais si nous devons donner une définition simple, cela pourrait être celle-ci :

Un matériau écologique est un produit issu d’une ressource renouvelable, disponible sur le territoire de consommation (origine locale idéalement), qui demande peu de transformation (ou dont le process de fabrication est respectueux de l’environnement), et qui préserve la santé de celles et ceux qui le manipulent et l’utilisent au quotidien.

Aujourd’hui, il existe des matériaux écologiques pour toutes les étapes de la construction. Ces matériaux sont contrôlés, certifiés au même titre que les matériaux conventionnels. Ainsi les isolants écologiques affichent leurs performances sur les fiches techniques associées (résistance thermique, coefficient de conductivité thermique, atténuation phonique…). Les revêtements de sol écologique ont un classement UPEC comme leurs concurrents moins “vertueux” (l’indice UPEC évalue la performance à l’Usure, le Poinçonnement, l’Étanchéité à l’eau et la résistance aux tâches (Chimie)).

Tous possèdent des labels délivrés par des organismes indépendants qui accréditent leur performance (Nature Plus, Produit Biosourcé filière Française, certificat ACERMI (pas réservé uniquement aux matériaux écologiques), Cradle to Cradle, Ange Bleu…).

Il n’y a donc pas de débat sur la performance des matériaux écologiques (à condition de respecter les principes de mise en œuvre évidemment). Ces matériaux sont tout aussi performants, et parfois même plus, que les matériaux conventionnels. Ainsi, le temple Horyu au Japon, construit intégralement en bois, date d’il y a plus de 1300 ans !

Pourra-t-on en dire autant des bâtiments en béton ou en parpaing construits il y a quelques dizaines d’années (et que l’on commence déjà à démolir pour certains ?

 

Les matériaux écologiques coûtent-ils vraiment plus cher ?

Le budget est bien souvent le critère numéro 1 lorsqu’on s’engage dans des travaux et que l’on doit choisir des matériaux. Sur ce point, si l’on se contente de regarder les prix au m² sur les étiquettes, les matériaux écologiques ne sont pas les plus attractifs il est vrai. Et je ne vais pas vous faire une démonstration de greenwashing pour vous convaincre du contraire.

Mais deux questions me semblent essentielles avant d’aller plus loin.

 

1/ À qui est-ce que je décide de donner mon argent ?

-> Est-ce que je le donne à un industriel qui prélève des ressources non renouvelables et utilise un process de fabrication polluant ? -> Ou bien est-ce que je choisis de soutenir un industriel qui valorise des ressources locales en partenariat avec des agriculteurs ou des centres de recyclage ?

Cette question soulève le problème principal des matériaux bon marché. Leurs prix n’intègrent pas toutes les externalités négatives que leur fabrication induit (pollution, extraction, conditions de production…). À l’inverse, le prix des matériaux écologiques ne reflète pas non plus toutes les externalités positives qu’ils engendrent (emploi local, préservation des ressources, recyclabilité, durabilité, faibles émissions…).

À titre d’exemple l’isolant le plus répandu aujourd’hui est la laine de verre. Le problème c’est qu’il faut du sable pour le fabriquer et on soupçonne aussi qu’il soit dangereux pour la santé (de fines particules peuvent être inhalées lors de la mise en œuvre). Alors que les isolants écologiques comme la fibre de bois ou la laine de chanvre sont certes un peu plus chers (comptez de 1 à 3€ de plus par m²) mais sans les inconvénients dont on vient de parler.

La culture du chanvre est locale et écologique

C’est donc d’abord comme cela que l’on doit aborder cette question du prix selon moi.

Ensuite, vient l’autre question.

2/ Les matériaux écologiques offrent-ils les mêmes services ?

Ce point est important également. Car la plupart du temps, les matériaux écologiques ont des performances multiples que n’ont pas les matériaux plus « conventionnels ».

Si l’on revient sur l’exemple de l’isolant, les isolants écologiques comme la fibre de bois ou la laine de chanvre possèdent de meilleurs propriétés hygrothermiques que la laine de verre. C’est-à-dire qu’ils régulent mieux la vapeur d’eau contenue dans l’air. L’intérêt est ainsi d’améliorer le confort et de réduire les risques liés à l’humidité dans les parois. Les isolants à base de fibres de textiles recyclés possèdent quant à eux de très bonnes caractéristiques pour l’affaiblissement acoustique. Ils jouent ainsi un rôle supplémentaire dans l’amélioration du confort des habitants.

On pourrait citer un autre exemple avec le Fermacell cette fois. Le Fermacell est une plaque de gypse et de cellulose que l’on utilise pour réaliser des cloisons et des doublages. C’est un matériau plus écologique que la plaque de plâtre classique que l’on voit partout. Alors oui, il coûte plus cher (comptez 7 € / m² pour le Fermacell contre 4 € pour le “Placo”), mais il n’offre pas du tout le même service. Le Fermacell est bien plus solide, a une meilleure isolation phonique, a une meilleure inertie. Et il est résistant au feu et à l’humidité ce qui n’est pas le cas pour les plaques de plâtre standard.

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En outre, il est plus facile à recycler que sa concurrente conventionnelle. Un choc dans une plaque de plâtre laisse une marque (voire un trou dans le pire des cas). La rigidité du Fermacell le rend moins sensible à ces chocs du quotidien. Sa durabilité s’en trouve alors allongée.

Sur le long terme, le Fermacell devient alors plus économique car il est moins souvent nécessaire de faire de reprise d’enduit ou même de remplacer la plaque abîmée.

Le Fermacell est une bonne alternative aux plaques de plâtre

 

Les matériaux écologiques sont-ils réservés aux spécialistes ?

L’autre idée que j’entends régulièrement est que les matériaux écologiques sont plus difficiles à mettre en œuvre que leur “équivalence” conventionnelle. Je réponds que ce n’est pas vrai pour la plupart d’entre eux. Un isolant en fibre de bois ou en laine de chanvre se pose exactement de la même manière qu’une laine de verre par exemple. Une peinture minérale s’applique comme une peinture classique également. Un revêtement de sol en liège se pose comme des dalles en PVC.

Là où effectivement il faut une connaissance particulière du produit et de la pratique c’est pour les enduits, les bétons de chanvre, la construction en paille ou en terre crue. Mais je dirais qu’il n’en faut pas plus que celle nécessaire à un novice qui souhaiterait réaliser une dalle en béton ou construire des murs en briques. Dans le bâtiment, rien ne s’improvise sans bagage technique de toute façon.

Donc je pense qu’il faut casser cette idée reçue que les matériaux écologiques seraient l’affaire uniquement d’écolos de la première heure, qui vivent en autonomie dans leur maison auto-construite au milieu de la forêt. Aujourd’hui on trouve de l’isolation en fibre de bois dans les grandes enseignes de bricolage, preuve que ça se démocratise !

 

Les matériaux écologiques pour la rénovation

Alors quels sont les matériaux écologiques que vous pouvez utiliser dans votre projet de rénovation (et même d’extension ou de construction neuve) ?

Je vais principalement citer des matériaux de second-œuvre car ce sont les plus courants en rénovation. Pour les matériaux de “construction” à proprement parler il faudrait un autre article dédié. De plus, il est plus rare d’avoir l’opportunité de construire notre maison idéale depuis une feuille blanche. Dans la grande majorité des cas, il faut faire avec un état existant, un environnement, un contexte. En revanche, cela n’empêche en rien de choisir ce qu’on met à l’intérieur de notre logement. 

 

Voici donc ci-après une liste (non exhaustive) de produits et matériaux écologiques adaptés à la rénovation. Je cite quelques marques car je trouve que cela aide ensuite pour trouver des informations complémentaires et les revendeurs près de chez vous (je n’ai pas d’intérêts particuliers avec ces entreprises 😉).

L’isolation des murs, sols et plafonds :

iI existe des isolants écologiques pour presque tous les usages. Pour ma part j’utilise régulièrement : 

    • de la fibre de bois (pour les murs extérieurs et les toitures), de la ouate de cellulose soufflée (pour les combles),

    • de la laine de chanvre/lin/coton (pour les murs côté intérieur),

    • du liège (pour les plafonds dans les pièces humides ou sous plancher)

    • ou encore de la fibre de textile recyclée (pour les doublages, les cloisons et les plafonds). Marques : Pavatex, Biofib, Métisse Le Relais, Univercell…

Isolation du plafond du RDC par de l’isolant Métisse (fibres textiles recyclées)

Les parements intérieurs (cloisons, murs, doublages) :

je l’ai dit plus haut,

    • je privilégie les plaques de Fermacell aux plaques de plâtres classiques (Placo BA13).

    • Mais on peut également utiliser des panneaux de bois (contreplaqué de peuplier, bouleau, pin). L’avantage de cette solution (outre le rendu très chaleureux) est qu’on fait l’économie de la peinture car ils peuvent rester brut (ou simplement huilés). 

La peinture :

Je privilégie :

      • les peintures minérales à base de pigments naturels (Keim pour l’intérieur et l’extérieur),

      • les peintures à base d’huile végétale (Galtane notamment pour les boiseries, les portes d’entrée, le métal),

      • les peintures à base d’algues bretonnes (Algo) ou encore les peintures recyclées (Circouleur). 

Les revêtements de sol :

    • les parquets en bois massif ou contre-collé sont bien plus durables que les parquets stratifiés car ces derniers ne peuvent pas être réparés ni poncés. Une fois abîmés il faut les jeter et probablement remplacer toute la surface car les lames ne seront plus disponibles 5 à 10 ans après l’achat.

    • J’aime bien aussi les sols fins en liège car ils sont particulièrement adaptés à la rénovation (ils ne font que 7 mm et sont légers). De plus on peut les utiliser dans les pièces humides car le liège résiste à l’eau (pas dans la douche mais pour le sol de la salle de bain en alternative au carrelage). Je peux citer les marques Lamett pour le parquet et Wise pour le sol en liège.

    • Une alternative au carrelage de sol peut être la terre cuite. Celle-ci est plus chaleureuse (notamment au toucher) et plus facile à retrouver quelques années après si nécessaire (la terre cuite est indémodable).

    • Enfin, vous pouvez utiliser le linoleum (qui est un mélange de lin et d’huile végétale) plutôt qu’un sol souple en PVC.

    • Il est aussi possible de conserver un sol brut en panneau de bois OSB si l’on cherche une solution économique. 

Le linoleum est un revêtement de sol écologique

Les plateformes de réemploi pour trouver des matériaux écologiques pas cher :

Une autre voie que j’explore et essaie de mettre en pratique est de me tourner vers les plateformes de réemploi. Il s’agit d’entrepôts dans lesquels sont collectés des matériaux issus de la déconstruction de bâtiments existants. Il peut également y avoir des fins de série et des destockages. Ces matériaux sont réutilisables, en très bon état et à un prix bien inférieur au prix neuf initial. L’inconvénient bien sûr est que le choix est limité (coloris, tailles, quantités). Mais la démarche est intéressante si l’on veut avoir une approche écologique et vertueuse pour ses travaux. Il existe ainsi Mineka, Re.source, Cycle-up, Backacia et bien sûr Le Bon Coin !

 

La vraie raison de choisir des matériaux écologiques

Pour finir, je voudrais partager une dernière chose avec vous parce que j’en suis convaincu et que je l’expérimente au quotidien.

C’est le fait que les matériaux dits « écologiques » ce sont aussi des matériaux qui sont plus beaux, qui apportent plus de confort, plus de sérénité et plus de bien-être pour ceux qui les manipulent et les côtoient au quotidien.

En choisissant des matériaux écologiques vous votez pour le vivant, une société plus résiliente et vous vous faîtes du bien !

Les matériaux écologiques apportent du confort et du bien-être (© Simon Guesdon)

 

Pour aller plus loin

J’espère que cet article vous aura inspiré-e et qu’il vous aura donné envie d’utiliser plus de matériaux écologiques dans vos projets.

Si vous voulez approfondir votre réflexion sur ces sujets je vous invite également à découvrir  lacaserobinson.fr,  sur lequel vous pourrez télécharger gratuitement le Guide pour avoir une maison plus écologique et plus saine.

D’ici là, je serai ravi de répondre à vos questions en commentaire sous cet article !

Bonne continuation pour votre projet, et restez optimiste dans l’action  😉

François-Xavier – La Case Robinson

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